Le vendredi 22 novembre 2024, comme beaucoup de Congolais, nous avons attendu avec fierté le retour d’Ilda Amani Dorcas après sa participation à la 73e édition du concours Miss Univers qui s’est achevée au Mexique. Voir notre drapeau flotter à ses côtés nous a à la fois remplis d’espoir et de fierté. Pourtant, ce sentiment a été terni par les commentaires injustes et les accusations insidieuses qu’elle a subies. Une fois de plus, une Congolaise talentueuse a subi une campagne de diabolisation en ligne, accusée d’être « Rwandaise », comme si cela suffisait à lui nier sa légitimité.
Un phénomène qui ne cesse de se normaliser au fil du temps et qui affecte essentiellement, les originaires de l’Est du pays. La faute aux conflits qui minent cette partie de la RDC, où la question de la nationalité est source de tensions communautaires, à tel point que, lorsqu’une personne émerge de cette zone sur la scène nationale, un réflexe, une sorte de mécanisme de défense souvent inconscient, pousse de nombreux Congolais à s’interroger sur les origines. Innos B, une figure montante du Rap congolais en a fait et continue d’en faire les frais, comme si notre nation ne pouvait pas accepter sa propre diversité. Des divisions qui nous affaiblissent, alors que nous devrions célébrer des parcours comme celui d’Ilda, qui prouvent que la RDC peut briller au-delà de ses frontières.
Les conséquences de cette campagne ont été fatales pour l’image de notre Miss, psychologiquement affectée, la poussant même à faire une vidéo pour dénoncer ces pratiques, alors qu’elle aurait dû rester concentrée sur la compétition. Une partie du vote devant émaner du public, très peu de voix sont venues de la RDC, alors que les Congolais sont numériquement plus nombreux sur les réseaux sociaux (22 millions de Congolais sont connectées à Internet).
Pourtant, en 2016, au-delà de son talent, c’est le vote massif de la communauté numérique Congolaise via SMS qui a permis à Pamela Baketana de remporter le Concours de Voice Afrique Francophone. Coaché par l’artiste Lokwa Kanza, ce dernier avait mobilisé le public Congolais à travers les médias et des influenceurs pour que le vote de sa protégée puisse se faire en masse via le réseau Orange à l’époque.
Ici Lokwa Kanza en tournée de sensibilisation pour Pamela
Il suffisait que les Congolais se connectent et dépensent entre 3 et 10$ pour faire monter les voix de notre Miss. Hélas.
En voyant cette jeune femme marcher sur une scène mondiale, ce sont de nombreuses jeunes filles comme elles qui se voient inspirées à croire en elles et à leurs potentialités, symbole d’une génération qui avance, malgré les obstacles. Mais où était le soutien de notre nation ? Où étaient nos institutions pour la défendre contre ces accusations ? Pourquoi la haine a-t-elle plus de voix que l’admiration ? Ce silence de notre part est une trahison envers nos propres enfants.
Nous sommes fiers d’Ilda, non seulement parce qu’elle a représenté la RDC, mais parce qu’elle a tenu tête à tous ceux qui cherchaient à l’ébranler. Son parcours nous inspire à croire en un Congo où chaque citoyen, qu’il vienne de l’Est, de l’Ouest, du Nord ou du Sud, est reconnu pour sa valeur.
Alors, la prochaine fois qu’une Congolaise portera notre drapeau sur la scène internationale, levons-nous ensemble. Célébrons-la. Soutenons-la. Parce qu’au-delà des frontières et des conflits, c’est de nous, de notre RDC, qu’il s’agit.
Il est encore plus triste de voir que même son retour a été l’objet d’une énième campagne de diabolisation sur Internet. Notre Miss est rentrée à Kinshasa comme une illustre inconnue, sans qu’aucun accueil, digne ne lui soit réservée.
La dernière fois qu’une Congolaise avait participé à cette compétition, c’était en 1986. Pourtant, la façon dont son pays la traite donne l’impression qu’elle n’était partie que représenter sa famille, alors qu’elle représentait toute une Nation.