A chaque rentrée scolaire, c’est presque devenu un rituel. Sur les réseaux sociaux, les parents publient des images de leurs enfants souriants, cartables neufs sur l’épaule, posant fièrement devant l’école ou leur salle de classe. Ces images, postées avec fierté par les parents, traduisent la joie d’un retour en classe ou la première rentrée des plus petits. Mais derrière cette habitude se cachent des risques encore méconnus: l’exposition des enfants aux prédateurs numériques.
« Les parents pensent célébrer un moment de bonheur, mais ils oublient que ces photos, une fois publiées, ne leur appartiennent plus. Elles peuvent être copiées, détournées et réutilisées à des fins dangereuses », explique Trésor KALONJI, chercheur en cybersécurité à Kinshasa.

Poster une photo d’un enfant devant son école, avec son uniforme ou en mentionnant son prénom et sa classe, c’est offrir gratuitement des indices sur son identité et son environnement. Certains n’hésitent pas à mentionner l’état des routes ou les embouteillages expliquant de ce fait, le trajet emprunté de leur domicile jusqu’à l’école. Des détails que l’on croit anodins et qui sont publiées sans filtre, mais constituent une véritable cartographie pour quelqu’un de mal intentionné alerte l’expert.
Une nouvelle menace : la récupération des photos par l’IA
Une tendance inquiétante prend de l’ampleur et la RDC n’est pas épargnée : celle de photos d’enfants publiées par les parents sont récupérées sur internet, puis utilisées par des réseaux criminels actifs dans la pornographie enfantile.
Grâce à l’intelligence artificielle, ces images sont modifiées pour créer des mises en scène sexuelles, où l’enfant apparaît nu ou dans une posture compromettante. Ces montages circulent ensuite sur des forums fréquentés par des prédateurs, et sont parfois monnayés.
Les erreurs à éviter
Trésor KALONJI recommande de bannir certaines pratiques :
- Ne pas publier de photo où l’on distingue clairement le visage de l’enfant. Ayez le réflexe de flouter l’image ou de mettre un émoticône à la place.
- Évitez de montrer les uniformes, logos d’école ou tout élément permettant d’identifier le lieu.
- Ne donnez jamais de détails sur l’âge, la classe ou le trajet vers l’école.
- Évitez surtout les photos intimes, comme celles de l’enfant au bain ou en train de s’habiller pour aller à l’école.
Mai cela ne s’arrête pas qu’à l’école. Instituons une culture de la prudence numérique dès la maison. De la même façon qu’on apprend à l’enfant à traverser la route, on doit aussi lui apprendre à protéger son image et ses données.

La rentrée scolaire doit rester un moment de joie partagée, mais sans mettre en danger la sécurité des enfants. Les familles peuvent célébrer autrement : publier une photo symbolique (un cartable, des fournitures scolaires) plutôt que le visage de l’enfant ; ou encore partager leurs émotions par des mots sans image.
Protéger nos enfants, ce n’est pas seulement les accompagner à l’école et veiller sur leur scolarité, c’est aussi penser à leur sécurité numérique.