Kinshasa. Novembre 2025. L’air est lourd, comme chargé de murmures. Sur les réseaux, le train train numérique des internautes s’abreuve de ce qui constitue la matière première de la désinformation : les rumeurs. Au milieu de ce vacarme, un nom revient, encore et encore : Thérèse Kayikwamba Wagner. Une femme. Une mère. Une ministre. Une cible.
Ces derniers jours, les réseaux sociaux ont pris feu. Des vidéos, des photographies, des mots qui piquent, qui blessent, qui tachent.
Dans ce tumulte, elle réagit. Une main posée sur le cœur. Une tentative de reprendre le fil de sa dignité, là où d’autres ont voulu le couper. Une déclaration pour la dignité et la décence contre la violence invisible qui s’abat sur les femmes publiques sans sommation.
On l’accuse. On la lie à un escroc. On lui invente une carrière télé. Une nationalité douteuse. Une expulsion. Le dilemme dans cet élan est et sera toujours l’absence de preuves concrètes et vérifiables. Face à l’émotion et à l’effet de masse, l’humain a toujours tendance à se fier à l’incertitude plus qu’au rationnel.
Dans ce monde où l’image vaut plus que les faits, le silence devient suspect. Et Thérèse, femme d’État, se retrouve sommée de se justifier. De prouver qu’elle est innocente. Comme si être femme, être visible, être forte, était déjà une faute. « Je suis une mère de famille, une épouse et une chrétienne », écrit-elle. Et dans ces mots, il y a plus qu’une défense. Il y a une revendication. Celle d’exister pleinement. D’être à la fois ministre et mère. Discrète et puissante. Croyante et combattante.
Mais derrière cette déclaration, il y a aussi une douleur. Celle d’être trahie par l’espace public. Celle de voir son intimité piétinée. Celle de devoir rappeler que la vie privée est un droit, même pour celles qui servent l’État.
Ce que vit Thérèse, ce n’est pas seulement une attaque personnelle. C’est le reflet d’un système. D’un regard social qui peine à accepter que les femmes puissent occuper des postes de pouvoir sans renoncer à leur humanité. À leur complexité. À leur féminité. Au respect.
Et si, au fond, cette affaire révélait autre chose ? Une faille dans notre regard collectif. Une tendance à scruter les femmes publiques avec une loupe déformante, à chercher la faille plutôt que la force.
Thérèse Kayikwamba Wagner n’est pas qu’un nom dans une polémique. Les jugements portés sur les femmes détenant des responsabilité révèlent des stéréotypes de genre. Historiquement, on scrute leur vie privée avec une sévérité disproportionnée, là où celle des hommes politiques reste souvent hors de portée des critiques ou beaucoup moins acerbes.
Une femme ministre enceinte devient sujet de spéculation, alors qu’un homme ministre devenant père suscite à peine un commentaire. Une situation vécue avec l’ancienne Vice-ministre de l’EPST, Aminata Namasia.
Cette asymétrie n’a aucune justification rationnelle. Elle repose sur des normes sociales qui peinent à accepter que les femmes puissent pleinement assumer leur leadership.
Chez Sisters, nous croyons que chaque femme mérite d’être entendue, respectée, et défendue. Parce que la dignité ne se négocie pas et que les femmes, même sous les projecteurs, ont le droit de vivre sans être défigurées par les rumeurs.