Le 9 août 2025, l’auditorium du Silikin Village s’est empli d’un murmure particulier. Des rires étouffés, des talons qui claquent, des carnets qui s’ouvrent, des téléphones prêts à capter chaque mot. Plus d’une cinquantaine de personnes ont répondu présentes : jeunes hommes, jeunes femmes, mères au foyer, entrepreneures, artistes, un mélange hétéroclite réuni pour se pencher sur une question à la fois intime et universelle : Entre usine et cuisine, la femme a-t-elle trouvé son équilibre ?
En robes élégantes, uniforme, tailleur ajusté ou en simple jean ; parfois portant encore pour certaines la fatigue de leur journée de travail, elles ont répondu à ce rendez-vous au thème si intriguant devant des figures emblématiques de la gente féminine kinoise.

Le premier panel réunit deux parcours qui imposent le respect : Caroline Pindi, architecte au regard franc, et la colonelle Nénette Mukembe, première femme à atteindre le rang de commandant dans l’armée congolaise. Très vite, la question tombe : « Une femme doit-elle réussir professionnellement avant de s’engager dans la vie conjugale ? »
Caroline répond sans détour :
« On ne doit pas parler comme si ces deux réalités s’excluaient. Le mariage n’est pas un idéal, mais un besoin d’accomplissement. Notre mission sur terre prime. Si elle nécessite un compagnon, il viendra. »
Pour la Colonel Nénette, la réponse est dans la discipline :
« Sous le drapeau, je suis militaire. À la maison, je suis maman. »

Sa voix ne tremble pas. Elle sait que ce choix de vie exige bien plus qu’un emploi du temps bien géré. Sa déclaration déclenche des applaudissements nourris.
Carrière, mariage : un équilibre fragile
Le débat glisse vers un constat partagé : beaucoup de jeunes femmes font du mariage leur seul horizon. Caroline (Maman Ingénieure comme ça commence à se murmurer) met en garde :
« On forme un maillon. Si vous négligez votre part de mission, obsédées par l’alliance au doigt, vous risquez de passer à côté de votre destin. »
Les regards se croisent, certains baissent les yeux, d’autres approuvent. Le déclic recherché a commencé son périple introspectif dans les esprits.
Le deuxième panel met en lumière une autre facette : l’impact du mariage sur la carrière. Do Nsoseme, slameuse reconnue, confie que certains de ses fans ont remarqué un changement depuis son union en 2024. Mais elle précise :

« Je n’ai pas arrêté. Mon premier recueil est sorti cette année. J’ai commencé en 2012, mais c’est avec un mari qui croit en moi que j’avance. »
Pour elle, le mariage peut être un levier, pas un frein.
La journaliste Edith Meta, de la Radiotélévision nationale conclut avec fermeté :
« Le mariage, c’est pour les adultes. »
Elle explique que concilier vie de foyer et travail n’est pas un équilibre parfait, mais une négociation permanente avec soi-même et avec l’autre. Une leçon qui s’adresse directement aux jeunes générations dont la perception de la réalité est influencée par l’illusion du bonheur que renvoie les nouveaux médias.
A l’issue de la rencontre, sur le parvis de cette journée curieusement ensoleillée pour un mois d’aout à Kinshasa, les conversations se prolongent. Certaines échangent des contacts, d’autres repartent en silence, les pensées tournées vers leurs choix à venir. L’équilibre entre usine et cuisine n’a peut-être pas trouvé de réponse définitive, mais il a trouvé un espace d’expression. Un déclic déterminant pour de futurs choix de carrière et des ménages équilibrés.