Elle pourrait être n’importe quelle étudiante, assise entre deux amphithéâtres de l’Université de Kinshasa, les bras chargés de codes juridiques, l’esprit pris entre deux chapitres. Mais Miriam Kadima Ndaya n’est pas n’importe qui.

À 24 ans à peine, cette jeune femme incarne une génération qui refuse de choisir entre silence et survie. Écrivaine, entrepreneure culturelle, juriste en formation, mais aussi cofondatrice de l’association Mwasi lakisa makasi n’a yo (Femme montre ta puissance), Miriam a décidé que sa voix compterait avec ou sans micro.
Son roman, Femmes en grève : trêve d’immoralité, paru aux Éditions Muses, n’a que 65 pages, mais la densité de ce qu’il transporte vaut mille discours. On y suit Gémina, jeune femme plongée dans les tumultes de la vie scolaire, universitaire et professionnelle, prise en étau entre humiliations ordinaires, sexisme larvé et pressions constantes. Mais ce n’est pas un livre de plaintes. C’est un cri. Un coup de poing.
« Ce qui m’a le plus marquée en écrivant ce roman, c’est la résilience », confie Miriam, un sourire timide au bord des lèvres. Une résilience qui est aussi la sienne. Car entre les lignes de fiction, on devine les batailles qu’elle mène elle-même suite au manque de soutien. « On nous dit qu’on n’a pas d’expérience, alors on doit avancer seules. » Seules, oui, mais pas résignées.
Sa passion pour la littérature est ancienne. « Je veux investir dans le capital humain », dit-elle, avec une maturité qui tranche avec son jeune âge. Derrière cette formule, une conviction simple mais puissante : écrire, c’est éveiller, c’est soigner, c’est construire.
Mais écrire ne suffit pas. Encore faut-il être lue. Et c’est là que le combat commence. Sans financement, sans soutien marketing, Miriam tente de faire connaître son « petit enfant » ainsi nomme-t-elle son roman de ses propres forces. Un livre imprimé à l’économie, vendu à la main, chéri comme un trésor fragile. Elle espère pouvoir, un jour, publier dans de grandes maisons. Elle le mérite. Et elle n’est pas seule.
Miriam Kadima, c’est ce visage que l’on croise sans voir, cette jeune femme croisée dans une bibliothèque ou un taxi-bus, portant le poids de son avenir et celui des autres sur le dos. Elle pourrait baisser les bras. Elle choisit de prendre la plume.
Aujourd’hui, elle tend la main. Pas pour mendier, mais pour construire. Offrons-lui le relais qu’elle mérite. Car soutenir Miriam, c’est donner une chance à toutes les Gémina invisibles de ce monde.